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Méthodes de protection

  • En cours de culture

Aucune méthode ne permet de contrôler efficacement Ralstonia solanacearum une fois qu'elle s'est manifestée dans une parcelle de tomate.

Des mesures d'hygiène doivent être prises rapidement : les parcelles affectées seront travaillées en dernier et le matériel, les engins aratoires et les chaussures des travailleurs désinfectés. On évitera de provoquer des blessures racinaires. Nous vous conseillons de vous reporter à la fiche 24 sur le chancre bactérien où elles sont décrites plus précisément.

On peut aussi fortement conseiller d'éliminer et de détruire les systèmes racinaires et les tiges des plantes en fin de culture. Cette mesure évitera de maintenir dans le sol de nombreuses bactéries présentes dans ces organes.

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Dans les pays et les régions où cette bactériose est une menace importante pour la culture de tomate, le contrôle de cette maladie nécessite la mise en oeuvre conjuguée et souvent préventive de plusieurs méthodes de protection complémentaires.

Les pépinières seront réalisées dans des parcelles n'ayant pas porté des cultures sensibles. Si vous avez le moindre doute, nous vous conseillons d'en désinfecter le sol (vapeur, chloropicrine) ou le substrat, surtout si son origine est douteuse. Le mieux sera de produire des plants en minimottes hors sol, avec un substrat sain. Si vous achetez des plants, vous devrez vérifier qu'ils ont été produits dans des conditions évitant tout risque de contamination.

On utilisera de préférence des parcelles indemnes de maladie. Il conviendra aussi de mettre en oeuvre des rotations culturales tenant compte de cette bactériose. La gestion des parcelles devra être une préoccupation pour chaque producteur qui veut préserver ses sols et retarder au maximum l'apparition et le développement d'une, voire de plusieurs maladies telluriques. Cette mesure n’est pas facilement applicable dans le cas de Ralstonia solanacearum, étant donné ses très nombreux hôtes potentiels. Plus la rotation sera longue, plus elle permettra d'abaisser le taux d'inoculum du sol. Elle sera encore plus efficace, si elle fait intervenir des plantes peu sensibles, voire résistantes au flétrissement bactérien. La fétuque, le coton, le soja, des graminées, le maïs, le riz, etc., semblent relever de ce type de comportement. Par exemple, 4 années de canne à sucre, 2 années de prairie de Digitaria, le sorgho en tant qu’engrais vert, coupé plusieurs fois sur place 5 à 6 mois, permettent d'assainir plus ou moins le sol. De la même manière, l'apport de doses élevées d’urée, de boues de stations d'épuration, probablement tout amendement organique, contribuent à réduire le taux d’inoculum du sol.

La désinfection du sol ne semble pas très efficace. Au Brésil, la solarisation du sol (vous pouvez consulter la fiche Pyrenochaeta lycopersici) associée à l'apport de résidus organiques (biofumigation) a été expérimentée : cette association permettrait de réduire le niveau de population bactérienne du sol et donc la gravité des dégâts. Des résultats contradictoires ont cependant été obtenus en Inde, où la solarisation serait à l'origine d’une augmentation de la population bactérienne tellurique. De plus, l'incidence du flétrissement bactérien serait proportionnelle à la durée de mise en place de cette méthode de désinfection.


Signalons à titre d'information que certaines huiles essentielles de plantes (de thym à thymol, de Cymbopogon martini) utilisées comme biofumigants auraient permis de réduire efficacement les niveaux de populations de R. solanacearum dans le sol. Un effet comparable aurait été obtenu avec un amendement contenant du silicium.

Les différentes interventions agroculturales veilleront à assurer un confort maximum aux plantes. Il conviendra de favoriser au maximum un bon drainage des parcelles et d'éviter les excès d'humidité du sol. La qualité de l'eau sera surveillée : les cours d'eau peuvent être contaminés, ce qui ne semble pas être le cas des eaux de forage. Une fumure équilibrée, sans excès d'azote, sera appliquée. Les mauvaises herbes seront détruites.

L'utilisation de variétés résistantes est certainement la solution la plus efficace, économique et respectueuse de l'environnement pour contrôler le flétrissement bactérien. Malheureusement, le challenge est particulièrement difficile car les propriétés de résistance mises en évidence sont souvent quantitatives et fortement influencées par l'environnement, la nature du sol, sa température, son pH et son humidité.

Deux types de résistance peuvent être distinguées chez la tomate : une résistance issue de la lignée Hawaii 7996, et une autre obtenue par l'université de Caroline du Nord, l’AVRDC et l'Inra Antilles-Guyane. La première, qui s'avère la plus efficace, est dominante et d'hérédité plus simple. La seconde est aussi polygénique (5 gènes estimés) et d'efficacité partielle. Cette dernière doit donc être épaulée par d'autres mesures et pratiques agroculturales. Différents travaux de sélection ont permis d’obtenir plusieurs variétés ou lignées de tomate résistantes, plus ou moins bien adaptées aux conditions tropicales : Venus, Saturne, Caraïbo, L 3, King Kong.


Signalons que la résistance au flétrissement bactérien chez la tomate semble associée à la production par les plantes de fruits de taille réduite.

Par ailleurs, plusieurs porte-greffes résistants sont utilisés pour contrôler cette bactériose : des lignées et des variétés cultivées (Hawaii 7996, Kewalo, Venus, CRA66, Cranita 2.5.7) ou sélectionnées pour cette utilisation (LS-89, BF Okitsu 101, PFN 1), divers Solanum (S. aethiopicum Iizuka, S. torvum, S. straminifolium), des lignées d'aubergine au comportement comparable à l’égard de R. solanacearum. Des dégâts de flétrissement bactérien auraient toutefois été constatés au Japon sur certains de ces porte-greffes.

Diverses bactéries stimulant la croissance des plantes ou interagissant directement avec R. solanacearum réduiraient les niveaux d’attaque du flétrissement bactérien : plusieurs rhizobactéries (Pseudomonas fluorescens, Bacillus pumilus, B. subtilis, Chryseobacterium sp., Streptomyces sp., Paenibacillus polymyxa, Brevibacillus brevis).
Une autre bactérie, Burkholderia sp. W3, serait responsable de la suppression du flétrissement bactérien observée durant plus d’une dizaine d’années au Japon sur des cultures de tomates produites en hors-sol sur de la pierre ponce.

Des essais de prémunition avec une souche de R. solanacearum hypovirulente, obtenue par mutagenèse en Chine, ont permis d'observer une réduction non négligeable du flétrissement bactérien sur tomate.

Peu de produits apparaissent efficaces contre cette bactérie. L'activateur de défenses naturelles l’acibenzolar-S-méthyl permettrait de réduire la sévérité de la maladie ; le niveau de protection obtenu fluctuerait néanmoins en fonction du degré de résistance naturelle de la variété de tomate et de la pression d'inoculum en bactéries. Le chitosan aurait également été expérimenté avec « quelques succès ».


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • P Prior (INRA - CIRAD)