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Biologie, épidémiologie

  • Conservation, sources d'inoculum

Botrytis cinerea est parfois retrouvé sur les semences. Il est capable de se maintenir dans le sol sur les débris végétaux les plus divers et sous plusieurs formes : conidies (figure 3), mycélium ou sclérotes (figure 4). Ces derniers persistent dans le sol plusieurs années. Les potentialités saprophytiques de B. cinerea lui permettent de se conserver sans peine sur la matière organique. Il est polyphage et susceptible d'attaquer et de coloniser plusieurs centaines de plantes cultivées ou d'adventices qui contribuent à sa conservation et constituent des sources potentielles d'inoculum, c'est le cas de la majorité des plantes maraîchères. Sur ces plantes comme sur ses sclérotes, il sporule abondamment. Les contaminations primaires sont donc souvent aériennes et font intervenir dans ce cas des conidies très facilement transportées par le vent. Ces spores germent en quelques heures (5 heures à 20°C) sur les feuilles mouillées et/ou en présence d'une humidité ambiante d'au moins 95 %. La germination des conidies est fortement affectée à des températures supérieures à 30°C.

 

  • Pénétration et invasion 

Une fois le tube germinatif formé, celui-ci pénètre dans les tissus et donne lieu à du mycélium détruisant les parois des cellules et leur contenu. La pénétration s'effectue soit directement à travers la cuticule, soit à partir de diverses blessures, en particulier sur la tige par l'intermédiaire des plaies d'ébourgeonnage et d'effeuillage. Les infections ont lieu approximativement après une quinzaine d'heures. B. cinerea s'installe aussi sur la tomate via les hampes des bouquets et les plaies consécutives à leur arrachage. Il peut aussi envahir tous les tissus sénescents, nécrosés et/ou morts comme les pétales, les sépales nécrosés, les vieilles folioles. Il lui arrive de coloniser des tissus déjà altérés par d'autres agents pathogènes ou par des ravageurs. Il se généralise rapidement aux tissus, qu'il fait pourrir en quelques jours grâce à l'hydrolyse des substances peptiques.

 

  • Sporulation et dissémination

Sur tous ses hôtes comme sur les débris végétaux, il produit une moisissure grise (figure 1) constituée de mycélium et de nombreux conidiophores longs et ramifiés (figure2). À leurs extrémités naissent des conidies ovoïdes à sphériques qui assurent la dissémination de B. cinerea (figure 3). La sporulation peut débuter 3 jours après les premières contaminations. La dissémination s'effectuesurtout par l'intermédiaire du vent et des courants d'air, à un moindre degré de la pluie et des éclaboussures d'eau. Elle est aussi assurée par les ouvriers au cours des opérations culturales. Le mycélium est à l'origine de contaminations par contact de tissus malades à tissus sains. B. cinerea peut finir par produire sur les tissus altérés des petits sclérotes plats qui permettent aussi sa conservation (figure 4). En conditions favorables, la durée d'un cycle est assez courte, de l'ordre de 4 jours.

 

  • Conditions favorables à son développement 

Comme de nombreux champignons aériens, il affectionne particulièrement les ambiances humides. Une humidité relative avoisinant 95 % et des températures comprises entre 17 et 23°C sont des conditions très propices à ses attaques. On retrouve ces paramètres surtout sous abris, mais aussi en plein champ lors de périodes pluvieuses ou à la suite d'irrigations par aspersion. Les plantes étiolées ou trop poussantes sont particulièrement vulnérables. C'est notamment le cas lorsque les abris sont fermés afin de conserver la chaleur : les plantes ont alors tendance à se développer rapidement. Leur végétation, devenant assez luxuriante et disposant de tissus succulents, devient donc très sensible à B. cinerea. Notons que les attaques de ce champignon sont plus particulièrement graves dans les cultures les plus précoces, les serres neuves souvent plus étanches, les serres équipées d'un écran thermique, les abris plastique. Sous ces derniers, la qualité du revêtement influencerait le développement de certaines maladies, et de B. cinerea en particulier. En effet, des dégâts moins importants ont été constatés sous EVA, comparativement au PVC et au polyéthylène. Sous EVA, il semble que l'on ait une meilleure transmission de la lumière, une hygrométrie plus faible et moins de formation de gouttes d'eau sur les parois. Enfin, les agrotextiles parfois utilisés pour protéger les plantes des insectes entraînent une élévation de l'hygrométrie, aggravant les dégâts.

Signalons que certaines variétés sont plus sensibles que d'autres à la moisissure grise.

Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4