Petite tordeuse des fruits
(Cydia lobarzewskii)
Généralités
La petite tordeuse des fruits (Cydia lobarzewskii) est un des lépidoptères présents dans les vergers de pruniers. Ce sont ses larves qui provoquent des dégâts. Les chenilles foreuses des fruits creusent en effet des galeries dans la chair du fruit, ce qui peut provoquer sa chute prématurée. Elles peuvent également causer des dégâts secondaires : les perforations de l'épiderme du fruit dont elles sont responsables constituent des portes d'entrée pour les maladies à champignons comme les monilioses.
Une autre chenille foreuse est également répandue dans les vergers de prunier d'Ente : le carpocapse des prunes, Cydia funebrana (voir fiche correspondante). Les dégâts causés par ces deux lépidoptères peuvent avoir des conséquences économiques importantes.
- Organes attaqués
Racines | Tronc | Branches | Bourgeons | Fleurs | Fruits | Feuilles |
- Incidence du ravageur
Bassin Grand Sud Ouest | Bassin Alsace-Lorraine | |||
Prune d'Ente | Prune domestique | Prune américano-japonaise | Mirabelle | Quetsche |
fréquent |
- Symptômes
Les fruits attaqués présentent des perforations en forme de spirale. Des écoulements gommeux caractéristiques peuvent alors être observés. Ils correspondent à une défense naturelle des fruits. Avec un peu d'attention, et à l'aide d'une loupe, il est possible d'observer une ou des traces d'oeufs à proximité de la perforation.
Si l'on ouvre les fruits perforés, les galeries creusées par la chenille sont "propres". La larve rejette ses excréments à l'extérieur du fruit. Lorsqu'une chenille est présente, elle est de couleur gris jaune à rose pâle, avec des points gris foncé (appelés pinaculum) et mesure 10 à 12mm.
Quelques clés permettent de ne pas confondre carpocapse des prunes et petite tordeuse des fruits :
- un seul oeuf pour carpocapse, éventuellement plusieurs pour petite tordeuse
- la forme de la perforation : simple pour carpocapse, en spirale pour petite tordeuse
- la galerie est "sale" pour carpocapse, et propre pour petite tordeuse
- la larve est rose vif pour carpocapse, et gris jaune à rose pâle, avec des points gris foncé (appelés pinaculum) pour petite tordeuse.
Biologie, épidémiologie
La petite tordeuse des fruits est un très petit papillon (micro-lépidoptére) de couleur brun-roux, avec marbrures plus foncées. Il mesure 8 mm de long. La petite tordeuse des fruits a été formellement identifiée sur des parcelles de prunier d'Ente, en 2014, par analyse moléculaire sur larves. Le papillon de la petite tordeuse vole de nuit.
Contrairement au carpocapse des prunes qui peut effectuer trois générations par an, dans l'aire géographique de production du prunier d'Ente, la bibliographie indique que la petite tordeuse des fruits n'effectue qu'un cycle par an. En année climatique normale, ce cycle s'intercale entre la première et la deuxième générations du carpocapse des prunes. Il durerait environ 4 semaines.
Méthodes de protection
- Mesures prophylactiques
- Eliminer les fruits touchés, broyer les fruits non récoltés ou les noyaux tombés au sol, supprimer les momies de fruits dans les arbres lors de la taille.
- Les chauves-souris et certaines espèces d'oiseaux, notamment mésanges, sont connues pour être de gros consommateurs de lépidoptères. Des publications, notamment du CTIFL et de l'IFPC, disponibles sur le site ECOPHYTOPIC, indiquent comment favoriser l'habitat de ces prédateurs naturels des papillons nuisibles aux cultures.
- Des filets de type Alt'carpo pourront être installés sur la parcelle (en mono-rang ou en mono-parcelle). Ils ne seront efficaces que s'ils sont installés précocement dans l'historique de la parcelle (arbres jeunes), avant que le "potentiel petite tordeuse" n'y soit trop élevé. Les mailles des filets devront être suffisamment petites pour empêcher le passage du papillon. Les ouvertures et fermetures des filets pendant la saison devront intervenir de manière à ne pas perturber la pollinisation, ou à ne pas favoriser l'apparition de maladies (les filets modifient la circulation d'air et l'hygrométrie au sein de la parcelle).
- La méthode de confusion sexuelle peut être utilisée. La diffusion d'un bouquet de phéromones femelles dans la parcelle, empêchera le papillon mâle de rencontrer un papillon femelle. L'accouplement n'a pas lieu, il n'y a pas de dépôt d'oeufs. Attention toutefois, cette technique ne fonctionne que si certaines préconisations sont respectées :
* l'infestation en année n-1 de la parcelle ne doit pas excéder quelques % de fruits avec dégâts ;
* la parcelle "confusée" doit mesurer au minimum 3 hectares d'un seul tenant ;
* le papillon (notamment une femelle fécondée) étant capable de voler sur 250 mètres au moins, la parcelle doit être située à plus de 300 mètres de tout autre parcelle de prunier "non confusée" ;
* le nombre de diffuseurs / ha doit être respecté. En bordures de parcelle, aux emplacements des arbres manquants, le nombre de diffuseurs doit être doublé pour assurer la continuité et la régularité du nuage de phéromones.
- Protection du verger
- Dans le cadre des bulletins de santé du végétal, un réseau de piégeage de la petite tordeuse des fruits a été mis en place pour le prunier d'Ente.
- Observer les dégâts sur fruits permet de déterminer quelle chenille foreuse est présente sur la parcelle.
En fonction des niveaux de piégeage rapportés dans les bulletins de santé du végétal, et du type de chenille foreuse sur la parcelle, une période d'intervention pourra être déterminée le cas échéant.