Les cultures légumières à Mayotte
Les agricultures sont directement liées au climat où elles prospèrent et doivent s’y adapter. Le climat de Mayotte est de type tropical humide présentant des variations suivant l’altitude. Il est également sous l’influence océanique, maritime.
Deux grandes saisons sont perceptibles
- Le « Kashkazi » (de décembre à mars) est la saison chaude et des pluies avec des vents de mousson du Nord/Nord-Ouest ;
- Le « kusi » (de juin à septembre) est la saison sèche plus tempérée avec des vents du Sud/ Sud-Ouest, les alizés.
- Les deux saisons intermédiaires et transitoires sont le « Myombeni » d’avril à mai et le « Matulahi » d’octobre à novembre. Les précipitations annuelles sont de l’ordre de 1500 mm en moyenne sur l’île : 1700 mm sur Combani contre 1000 mm à M’Tsamoudou. Les variations de températures annuelles et journalières sont faibles. Les moyennes maximales sont de 32°C et les minimales de 21°C la nuit. Du fait de la latitude de l’île, les durées de jours varient peu au cours de l’année.
Des cultures maraîchères prospèrent sur les différents grands types de sols de l’île
- Les sols ferralitiques (rouges) : sols vieux, profonds, acides, constitués d’argiles, pauvres en potasse et en matière organique. Ces sols se retrouvent notamment sur les plateaux de Combani, Bandrélé ou Coconi. Ils font l’objet d’activités maraîchères.
- Les sols bruns sont relativement riches en éléments minéraux et en matière organique, mais étant en forte pente, ils ne sont pas recommandés pour le maraîchage.
- Les sols de remblais alluviaux et colluviaux se rencontrent sur toutes les plaines littorales et les fonds de vallée. Ils sont riches en matière organique et en éléments minéraux. Ils sont propices à l’activité maraîchère et la topographie plane de leur situation en fait un atout supplémentaire.
- Enfin, les sols de Petite-Terre sont des sols issus d’un volcanisme plus récent, ils sont peu concernés par le maraîchage.
Les cultures maraîchères se développent rapidement depuis plusieurs années sur le territoire. Les surfaces légumières occupaient 43 ha en 2004 contre 133 ha lors du dernier recensement de 2010 et ce, en excluant les cultures de citrouille, taro, patate douce ou maïs avec lesquelles nous atteindrions plus de 700 ha ! Les cultures sous abris ne sont pas en reste avec 3,8 ha en 2013 soit une surface triplée par rapport à 2005 !
Des cultures relativement diversifiées
- Deux types peuvent être distingués : les espèces de régions chaudes bien adaptées au climat (les brèdes en général - mafane, morelle-, certaines cucurbitacées - Dodoki, M’tango -, piment, patate douce, taro, aubergine, etc.) et d’autres espèces provenant de régions tempérées (tomate, laitue, lconcombre, haricot ou poivron). Ces dernières sont plus souvent privilégiées par les producteurs pour leurs plus-values commerciales malgré l’intérêt certain des brèdes et autres légumes traditionnels.
Une production maraîchère mahoraise très saisonnalisée
Cette situation est liée à des conditions édaphoclimatiques et topographiques de l’île. La majeure partie de celle-ci est concentrée en saison sèche, cette activité est conduite en cultures de plein champ (couvertes ou en plein air). En saison des pluies, les fortes températures, le faible écart de celles-ci entre le jour et la nuit, le volume et l’intensité des précipitations, la forte humidité de l’air, la couverture nuageuse fréquente, la pression des maladies et bioagresseurs plus importante sont autant de facteurs contraignant et pénalisant la production légumière.
Les conditions de Mayotte et des zones tropicales de basses altitudes, rendent également impossible ou extrêmement difficile la production de certains légumes nécessitant froid ou fraîcheur importante pour croître : artichaut, asperge, fraise ou encore endive et chou de Bruxelles.
Les bassins de production les plus conséquents se concentrent dans les zones « hautes » de l’île où les températures sont plus favorables. Les zones de basse altitude sont également mises en cultures, mais les conditions y sont moins propices à certaines cultures du fait de la chaleur. Les exploitations maraîchères se concentrent également a proximité des ressources en eau (rivières et retenues collinaires) dont le nombre est assez limité sur l'île. Bien que la filière maraîchage soit en pleine structuration et professionnalisation, elle souffre d’un manque criant en infrastructures (hydraulique, voiries, électrification), de contraintes sociétales, d’accès au foncier pour les jeunes et d’un encadrement existant mais insuffisant. L’agriculture et le maraîchage en particulier constituent une vraie richesse pour Mayotte et possèdent un haut potentiel qui reste encore à explorer.
Une pression foncière importante et un contexte social particulier qui favorisent l'essor des cultures légumières
La population à Mayotte est en pleine croissance ce qui engendre une pression foncière importante et une diminution des surfaces cultivables du fait de l'urbanisation et de la fragmentation des terrains qui sont souvent transmis par indivision aux descendants d'une même famille. Par ailleurs, une partie de la population pratique l'agriculture de manière informelle sur des terrains dont ils ne sont pas propriétaires. Cette faible visibilité des agriculteurs concernant le foncier, les entraîne à s'orienter vers des cultures de rente comme les légumes qui sont rapidement valorisables sur de petites surfaces. L'arrivée prochaine d'un observatoire du parcellaire agricole, en lien avec l'établissement public foncier de Mayotte, devrait lever le voile sur les surfaces mobilisables. Cela permettra à moyen terme d'améliorer les perspectives terriennes pour les nombreux professionnels de l'île.
Une filière en cours de professionnalisation et de structuration
La filière maraîchage est en cours de professionalisation à Mayotte. Un nombre croissant de producteurs "formels" s'installent et investissent dans la construction d'abris et de matériel pour produire plus et mieux particulièrement en contre saison (saison des pluies). Une partie de ces agriculteurs s'engagent dans des circuits de commercialisation en vente directe ou coopérent au sein d'organisations professionnelles agricoles (coopératives etc.) pour la vente en GMS.