Symptômes
- Symptômes liés à des herbicides pomme de terre
Les symptômes liés à un manque de sélectivité de certains herbicides sont très variables et peuvent s’observer à différents stades de la culture, même s’ils se produisent généralement sur le feuillage.
L’expression des symptômes dépend du mode d’action des matières actives incriminées. On distingue plusieurs types de symptômes liés aux herbicides :
- des décolorations jaunes et/ou blanches apparaissent sur les premières feuilles. Des nécroses marron peuvent ensuite se former sur les feuilles les plus atteintes.
Ces accidents sont provoqués par des produits dont les matières actives ont comme cible la photosynthèse ou la fabrication de certains pigments. Exemples : metribuzine, linuron, clomazone, aclonifen.
Dans certaines conditions, ce type d’herbicide peut provoquer des dommages sur la culture, avec des symptômes souvent caractérisés par un jaunissement de l’extrémité des premières feuilles juste après la levée, puis un marquage des feuilles de la base (nervures jaunes ou blanches) (figures 1 et 2).
La sensibilité aux herbicides (métribuzine du Sencoral notamment) est plus ou moins forte selon les variétés. L’application d’herbicide juste avant la levée des plantes et des conditions climatiques froides et humides favorisent l’apparition de dégâts.
- des déformations ou crispation des folioles et des feuilles apparaissent avec des produits dont les matières actives agissent sur l’inhibition d’enzymes responsables de la synthèse des lipides. Ces herbicides pénètrent généralement par les organes souterrains entre la germination et la levée. Exemples : prosulfocarbe, flufenacet (figure 3).
- des décolorations très fugaces des bouquets terminaux accompagnées d’un tassement de la végétation sont parfois observées avec les produits appartenant à la famille des sulfonylurées. Exemple : rimsulfuron (Elden).
- Symptômes liés à des herbicides non sélectifs
L’application accidentelle d’herbicides non sélectifs de la pomme de terre peut entraîner aussi de graves dégâts sur la culture de pomme de terre :
- déformations foliaires importantes et en forme de crosse : des herbicides de la famille des régulateurs de croissance (hormones) appliqués sur la culture elle-même, ou dérivant d’une culture voisine, peuvent provoquer des dégâts tels que plantes chétives, feuillage difforme et symptômes relativement typiques comme les tiges en crosse (figures 4 et 5). Ces symptômes peuvent ne se révéler que sur la génération suivante. Par ailleurs, des dégâts similaires peuvent apparaître dès la levée ou quelques semaines plus tard, lorsqu’il s’agit de résidus d’herbicides dans le sol.
- problèmes de levée et de chétivité : certains herbicides non sélectifs appliqués par erreur sur la culture précédente peuvent entraîner une absence de germination, des brûlures de germes (figure 6) ou un développement anormal de ces derniers (multitude de germes par œil) (figure 7) puis une mauvaise levée des plantes, des plantes chétives et/ou anormales (figure 8). Les photos ci-contre illustrent ainsi des altérations de la germination et de la levée sur un lot de plants ayant reçu du glyphosate sur la culture précédente.
- fortes déformations et jaunissements foliaires : les herbicides non sélectifs provoquent en général sur la végétation de fortes déformations foliaires, des jaunissements, des décolorations ou des nécroses des feuilles, allant parfois jusqu’à la destruction des plantes (figures 9 à 12).
De même, le glyphosate peut provoquer, même à faible dose sur une culture de plant (résidu de traitement dans un pulvérisateur mal nettoyé), des déformations sur les plantes l’année suivante (figure 13).
- déformations de tubercules-fils : certains herbicides peuvent provoquer la formation de tubercules difformes et crevassés à la récolte, ainsi qu’une réduction du nombre et du calibre des tubercules (figures 14 et 15).
- Localisation des symptômes
Les symptômes de phytotoxicité d’herbicides apparaissent de différentes façons et peuvent permettre de remonter à l’origine du problème :
Le bord du champ est atteint et la limite zone saine/zone atteinte forme une “vague”. L’accident est lié à la dérive d’embruns d’un produit phytosanitaire appliqué sur la parcelle voisine.
Les zones atteintes marquent les débuts de rampes (démarrages lents). L’accident est lié à un surdosage sur ces zones.
Les zones atteintes sont des bandes sur toute la longueur du champ. L’accident est lié à un surdosage sur ces zones, qui peut être causé par un doublement de rampe ou une buse mal réglée.
Les zones atteintes forment un triangle en début de passage.
L’ accident est lié à un fond de cuve restant d’un traitement précédent, le produit présent dans la rampe se vidant progressivement à partir des extrémités. Ce cas concerne les pulvérisateurs non ou mal rincés (cuve + rampe).
Le produit responsable de l’accident n’est pas forcément celui utilisé lors du dernier traitement réalisé avec le pulvérisateur ! Un produit peut se fixer à la paroi du pulvérisateur et être libéré après plusieurs utilisations en fonction des solvants mis en présence dans le pulvérisateur. Par exemple, les sulfonylurées et le glyphosate possèdent cette propriété de se fixer à la paroi.
Les zones où le pulvérisateur est passé sont atteintes (toute la parcelle sauf bord du champ, poteau, angles…). L’accident est lié à un traitement phytosanitaire.
Les zones atteintes correspondent aux passages du pulvérisateur l'année précédente ou sont localisées sur les résidus de la culture précédente. La phytotoxicité est liée à une rémanence d’herbicide. Elle se manifeste les années sèches (mauvaise dégradation du produit) et le plus souvent dans les sols les plus légers d’une parcelle hétérogène (l’adaptation de la dose au type de sol est plus difficile dans une parcelle hétérogène). Le non labour peut favoriser les rémanences d’herbicides.
Les doses à l’hectare ayant fortement diminué ces dernières années, les rémanences d’herbicides sont de plus en plus rares.