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Généralités sur les maladies au séchoir

 

Il ne faut surtout pas croire que le jour où l'on récolte le tabac, les feuilles sont hors de tout danger ; la feuille de tabac reste un substrat potentiel. En effet, un certain nombre d'altérations peuvent apparaître au cours de leur séchage et de leur stockage, et provoquer des pertes parfois considérables. Les causes de ces altérations peuvent être liées au développement de micro-organismes, aux répercussions d'erreurs agro-culturales faites en cours de culture, ou à une mauvaise maîtrise de la conduite du séchage ou du stockage des tabacs.

Lorsqu'elles sont récoltées, les feuilles de tabac sont le plus souvent matures mais encore plus ou moins vertes. Dès qu'elles commencent à jaunir, elles sont beaucoup plus vulnérables et constituent un substrat naturel idéal pour de nombreux micro-organismes, surtout des bactéries et des champignons. Parmi ces micro-organismes, on trouvera certains des agents pathogènes s'attaquant à la végétation en cours de culture, mais aussi d'autres, vivant naturellement à la surface des différents organes du tabac et constituant partiellement sa phylloflore. Précisons que les pollutions ou les contaminations des feuilles peuvent avoir lieu au champ, à partir du sol ou de l'air, au cours du séchage dans des fours souillés, par l'intermédiaire des ouvriers pendant la récolte et le triage, ou dans les entrepôts durant le stockage.

La nature de ces micro-organismes et leur pression parasitaire fluctuent dans le temps, surtout en fonction des conditions climatiques et de l'état sanitaire de l'environnement des feuilles. Leurs activités sur le tabac peuvent être variées :
- une partie d'entre eux participent à la fermentation normale des tabacs bruns ;
- d'autres sont des saprophytes opportunistes qui profitent de l'état sénescent des feuilles et d'une humidité ambiante élevée pour se développer et entraîner des pourritures et/ou des moisissures ;
- comme nous l'avons suggéré précédemment, on trouve aussi quelques parasites du tabac qui manifestaient déjà leur pouvoir pathogène en plein champ, nous avons vu comment dans la rubrique Anomalies, altérations des feuilles. Dans ce cas, le séchage permet de révéler des symptômes déjà plus ou moins visibles avant la récolte, ou favorise l'expression dans les séchoirs de contaminations latentes ou tardives (figures 1 à 4).

 

 
Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4  


Notons que les contaminations peuvent avoir lieu par l'intermédiaire des cicatrices pétiolaires (dans ce cas les anglo-saxons parlent de "pole rot"), par l'intermédiaire de diverses blessures du limbe, en particulier celles occasionnées par le dispositif de fixation des feuilles. Ajoutons qu'elles se réalisent aussi par les stomates ou directement à travers la cuticule. Elles sont essentiellement favorisées par l'humidité ambiante régnant durant le séchage et le stockage des tabacs. Si la récolte et/ou le séchage à l'air ont lieu pendant une période pluvieuse, les risques de voir apparaître des dégâts sont très élevés. Une mauvaise maîtrise de la phase de jaunissement des tabacs de type Virginie, ou un stockage du tabac dans des locaux froids et mal ventilés conduisent à la même situation. Ajoutons que le séchage à l'air chaud des feuilles ne permet pas de détruire tous les micro-organismes présents sur les feuilles.

Enfin, ces micro-organismes, en se développant sur la tige, les nervures des feuilles, les tissus inter-nervaires, altèrent les tissus qui prennent une coloration et une consistance tranchant avec les portions encore saines du limbe. Leur équipement enzymatique leur permettent de dégrader facilement la cellulose et/ou la lignine et d'entraîner des pourritures. Dans bon nombre de cas, une moisissure sera présente à la surface des tissus lésés. Sa coloration sera variable en fonction de l'espèce intervenant (bleu, vert, noire, grise, jaune, brun) (figure 5).

Dernière modification : 26/06/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)