Biologie, épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
Didymella bryoniae se conserve plus d'une année sur et/ou dans le sol, sur des débris végétaux non décomposés plus ou moins secs, et sur les semences. Ses chlamydospores et son mycélium dormant résistent bien au froid et lui permettent de se maintenir d'une année à l'autre, voire au delà. Ce champignon est aussi plutôt résistant à la sécheresse, ce qui lui permet de se maintenir sur les structures des abris. Soulignons que lors de son développement dans les fruits, accompagné d'une pourriture noire, une proportion non négligeable des graines est contaminée extérieurement et intérieurement par le mycélium de D. bryoniae. Par la suite, elles assurent aussi sa conservation et sa dissémination.
Ainsi, en fonction des cultures, les sources d'inoculum pourront varier :
- les graines sont fréquemment incriminées, à raison pour les productions extensives où on a la fâcheuse habitude de récupérer des semences sur les fruits altérées, ou lorsqu'elles sont produites dans des zones fortement affectées. Soulignons que l'on retrouve D. bryoniae plus ou moins profondément dans les graines des cucurbitacées, et qu'il peut s'y conserver plusieurs mois. Dans ce cas, des plantules déjà contaminées pourront être produites en pépinière ;
- les tissus sénescents présents dans l'environnement des plantes, sur lesquels les pycnides et les périthèces présents produiront respectivement des conidies et des ascospores contaminatrices.
Ce champignon profite de toutes les opportunités que lui offrent les cucurbitacées (leur environnement et les interventions anthropiques) pour les contaminer. Ainsi, après germination des conidies ou des ascospores, la pénétration des différents tissus peut avoir lieu directement à travers la cuticule ou l'épiderme, ou par les espaces intercellulaires autour de la base des trichomes. Elle peut aussi se réaliser par l'intermédiaire de plaies de taille liées à la récolte des fruits, ou à l'effeuillage, mais aussi de diverses autres blessures. Chez les fruits, elle peut avoir lieu via diverses blessures naturelles ou mécaniques, par l'intermédiaire de cicatrices florales. A titre d'exemple, chez le concombre D. bryoniae envahit les fleurs à travers les stigmates et le style. Sa croissance mycélienne initiale est intercellulaire, par la suite il est capable de pénétrer la paroi des cellules, et son développement devient intracellulaire, menant à la mort des tissus.
Une fois en place dans les organes qui son plus ou moins réceptifs en fonction de leur âge ou leur maturité, le mycélium du champignon envahit les tissus, émet diverses enzymes (pectine lyase...), et des symptômes apparaissent au bout de quelques jours, entre 3 et plus d'une dizaine de jours en fonction des cucurbitacées et des conditions environnantes.
- Sporulation et dissémination
D. bryoniae forme assez rapidement des périthèces (figure 4) et des pycnides (figures 6 à 8) à la surface des tissus lésés (figures 1 à 3)
. Ces structures globuleuses brunes à noires à maturité produisent respectivement des ascospores et des conidies en grandes quantités, surtout lors de périodes humides. Ces spores constitueront essentiellement les inoculums primaires et secondaires rencontrés dans les cultures.
Les ascospores (figure 5) sont expulsées des périthèces dès que l'air est humide, Leur dispersion est maximale après une pluie, à des températures comprises entre 18 et 25 °C et en période de rosée ou de condensations matinales. Sous abri, D. bryoniae est un danger potentiel pour le concombre toute l'année car des ascospores contaminatrices peuvent être produites à tout moment. Leur libération a lieu le plus souvent 3 heures après humidification des organes affectés ; la lumière et l'obscurité ne semblent pas affecter celle-ci. Elles sont ensuite véhiculées par les courants d'air et le vent.
Les pycniospores (figure 9) sont des spores humides qui sortent des pycnides sous la forme de masses jaunâtres : des cirrhes mucilagineux (figure 6). Elles sont dispersées à l'occasion d'éclaboussures, de ruissellements d'eau et peuvent être transmises mécaniquement à d'autres plantes par les ouvriers et leurs outils lors des opérations culturales. Les graines, les plantes et certains insectes (chrysomèles) contribuent également à la dispersion de ce champignon.
- Conditions favorables à son développement
D. bryoniae est particulièrement dommageable lorsque les plantes présentent diverses blessures ou lorsqu'elles sont affaiblies à la suite de stress ou d'attaques d'autres micro-organismes parasites ou de déprédateurs.
La température et l'humidité sont des facteurs parfois limitant de l'extension du champignon. Il est capable de se développer et de fructifier à des températures comprises entre 5°C et 35°C, avec un optimum situé aux environs de 23°C pour le concombre. Sur pastèque, l'optimum de développement est légèrement plus élevé, de l'ordre de 24,5°C, alors que sur melon il est nettement plus faible : 19°C - 20°C. Ce dernier hôte devient beaucoup moins sensible dès que les températures s'élèvent. En fait, l'humidité influence beaucoup plus le développement de la maladie que la température. C'est certainement le facteur prépondérant déclenchant les épidémies. Les infections sont rares à des humidités relatives proches de 60 %. La maladie devient particulièrement dommageable à partir de 95 % d'humidité relative, mais surtout lorsqu'il y a présence d'eau libre sur les plantes. La présence d'une film d'eau durant une heure permet d'initier les contaminations. Le développement de la pourriture noire sur les fruits stockés est fortement limité à des températures inférieures à 7°C. Soulignons le rôle prépondérant joué par le phénomène de guttation dans les cultures de concombre sous serre. En effet, plus il a lieu plus le nombre de plantes touchés est élevé. Les dégâts occasionnés par l'oïdium favoriseraient aussi le développement de la maladie.
Généralement, les plantes cultivées en conditions sèches sont moins sensibles que celles qui le sont en conditions humides.
Dernière modification : 29/08/2013
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Auteurs :
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D
Blancard
(INRAe)
-
V
Mayet
(INRA)