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Rhizopus stolonifer (Ehrenb.) Vuill. (1902)

Pourriture à Rhizopus

 

- classification : Fungi, Zygomycota, Mucoromycotina, Incertea sedis, Incertea sedis, Mucorales, Mucoraceae
- synonyme : Rhizopus nigricansEhrenb., (1821)
- dénomination anglaise : Rhizopus rot


R. stolonifer est un champignon très cosmopolite rapporté pratiquement sur tous les continents dans le monde. Il provoque des pourritures molles et liquides sur différentes plantes et divers organes (majoritairement les fruits) surtout au moment de la récolte et en cours de conservation. Ces pourritures montrent quelques similarités avec celles occasionnées par des bactéries. Il est aussi responsable de la moisissure noire du pain.

Il est rapporté sur Cucurbitacées dans plusieurs zones de production dans le monde, responsable de pourriture sur fruits se produisant en pré et post-récolte durant le stockage. Le melon est particulièrement touché, mais aussi le concombre, la courgette, les courges...

Notons qu'une autre espèce,  R. arrhizus,  est également signalée sur Cucurbitacées.

 
Symptômes

Celles-ci sont souvent humides et située à l'extrémité des fruits. Les tissus affectés, humides et mous,. Les fruits peuvent se liquéfier entièrement en quelques jours.

Des lésions humides et molles s'étendant rapidement sur les fruits matures, souvent à partir de leurs extrémités stylaire (figure 1) ou pédonculaire (figure 2), voire de blessures (figure 3). Les tissus affectés prennent un aspect translucide et une teinte sombre, se liquéfient et finissent par s'effondrer (figure 4 et 5). Des écoulements de jus peuvent être constatés. 

Le mycélium du champignon envahit les tissus, et une moisissure blanchâtre à grisâtre les recouvre par la suite (figures 2, 3 et 5). Elle est constituée par le mycélium, les sporocystophores et les sporocystes de ce zygomycète. À terme, de nombreuses fructifications assez aériennes, en « têtes d'épingle noires », sont visibles sur les tissus lésés (figure 6).

Une légère odeur acide peut accompagner ces pourritures sur melon, ainsi que la présence de drosophiles (figure 7).

Il conviendra de prendre garde à ne pas confondre cette moisissure avec celle produite par un champignon voisin, Choanephora cucurbitarum, qui occasionne des symptômes tout à fait comparables sur les fruits des Cucurbitacées.


Éléments de biologie

R. stolonifer vit souvent à l'état saprophyte sur le melon et dans son environnement, devenant des pathogène opportuniste lorsque l'état physiologique des melons est modifié (présence de blessures, maturité avancée...).

 

  • Conservation et sources d'inoculum

Ce champignon saprophyte par excellence et très ubiquiste est présent sur de nombreux débris végétaux sur et dans le sol, et sur divers fruits sénescents. Il provoque des dégâts sur diverses plantes : plusieurs Cucurbitacées, aubergine, tomate, fève, patate douce, abricot, pêche, prune, maïs...

 

  • Pénétration, invasion

R. stolonifer est un champignon opportuniste qui s'installe sur les Cucurbitacées à partir des organes floraux sénescents. Par exemple les corolles flétries, qui persistent plus longtemps que d'ordinaire en périodes humides, constituent des bases nutritives lui permettant d'abord de s'installer puis dans un second temps de coloniser les fruits et de les faire pourrir. Les étamines et les pistils peuvent être également colonisés. 
Il peut également pénétrer les fruits par l'intermédiaire de blessures très variées : plaie pédonculaire de cueillette,  fentes de croissancecoup de soleil, nécrose apicale, piqûres d'insectes, chocs divers...)

Par la suite, son mycélium se développe de façon très extensive, poussant dans toutes les directions à l'intérieur de la chair qui se décompose progressivement grâce à l'action de diverses enzymes.

 

  • Sporulation et dissémination du champignon

R. stolonifer, dont l'évolution dans les fruits est très rapide, ne tarde pas à sporuler sous la forme de nombreux sporangiophores hébergeant d'innombrables spores noires dans des vésicules sporifères (figures 8 à 10). Celles-ci sont très présentes dans l'air et sont disséminées par le vent sur de longues distances, ainsi que par les éclaboussures d'eau et certains insectes. 

 

  • Conditions favorables à son développement

Il se développe rapidement et sporule abondamment en présence d'humidité et lorsque les températures sont clémentes. Sa croissance est rapide entre 15 et 30 °C et son optimum thermique de développement se situe entre 23 et 28°C.


Méthodes de protection

  • En cours de culture

Il est bien souvent difficile de contrôler efficacement R. stolonifer en cours de culture. Nous pouvons toute fois préconiser de mettre en place les mesures suivantes :
- gérer au mieux les irrigations afin qu'elles soient régulières et jamais excessives ;
- éviter les irrigations par aspersion, sinon les réaliser en début ou en cours de journée afin de permettre aux plantes de ressuyer rapidement ;
- si des symptômes se manifestent sous abri, il est impératif de réduire l'humidité ambiante en les aérant au maximum ;
- éliminer en cours et en fin de culture les fruits plus ou moins pourris ;
- éviter de blesser les fruits et de les récolter à maturité avancée.

Des traitements fongicides spécifiques ne s'avèrent que rarement nécessaires. Bien souvent, ils sont peu efficaces car des fleurs se forment en permanence et les fruits plus ou moins enfouis dans la végétation ne sont que partiellement protégés. 

 

  • Culture suivante

L'efficacité des rotations culturales s'avère assez décevante ; cette situation est certainement due à la polyphagie et aux potentialités saprophytiques de ce champignon

Le sol des futures parcelles de Cucurbitacées sera bien travaillé et drainé afin d'éviter la formation de flaques d'eau. En plein champ, les rangs de plantation seront orientés dans le sens des vents dominants afin que le couvert végétal soit bien aéré. Les plants pourront être mis en place sur des planches. L'utilisation d'un paillage plastique permettra d'isoler en partie la végétation du sol et donc contribuera à réduire les contaminations. 

Les autres maladies et déprédateurs devront être maîtrisés car ils sont à l'origine de blessures, de nécroses tissulaires propices à l'installation de R. stolonifer. Il conviendra de supprimer et d'éliminer les fleurs et les fruits infectés.

À notre connaissance, aucune résistance à ce champignon n'est signalée chez les Cucurbitacées cultivées.

Enfin, notons que ce champignon est sensible au mycoparasite Piptocephalis virginiana.


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l'agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 04/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
Rhizopus3
Figure 1
Rhizopus2
Figure 2
Rhizopus_melon_DB_759
Figure 3
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Figure 4
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Figure 5
Rhizopus4
Figure 6
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Figure 7
Rhizopus6
Figure 8
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Figure 9
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Figure 10
Rhizopus9
Figure 11