Méthodes de protection
- En cours de culture
Etant donné la rapidité de progression de Pseudoperonospora cubensis et les risques de dégâts qui pèsent sur la culture, il est essentiel de réagir promptement si des symptômes de mildiou apparaissent sur les plantes, et si aucun traitement préventif n’a été réalisé. En effet, le contrôle de cette maladie, une fois déclarée, est mal aisé car son efficacité dépend aussi des conditions climatiques régnant au sein de la culture, de la sensibilité de l'hôte et de la pression de maladie.
Il convient donc de réaliser au plus tôt un traitement fongicide anti-mildiou. Plusieurs fongicides* peuvent être employés seuls ou en association (e-phy), leur efficacité est variable en fonction des situations. Dans un premier temps, on a plutôt intérêt à utiliser un fongicide systémique (souvent associé à un ou plusieurs fongicides de contact) et à maintenir une cadence assez soutenue, avec au minimum une application par semaine, surtout si les conditions demeurent favorables (rosée, pluie, brouillard...). Par la suite, on pourra revenir à des fongicides de contact.
Soulignons que des souches de P. cubensis résistantes à certains des fongicides utilisés dans le monde pour le contrôler ont déjà été signalées (metalaxyl, mefenoxam, flumorph, dimethomorph, azoxystrobine, enostrobilurine, kresoxim-méthyl… Etant donné les risques de résistance aux fongicides qui existent chez ce chromiste, Il est essentiel d’alterner des matières actives présentant des modes d’action différents.
En pépinière, les abris seront aérés au maximum afin de réduire leur humidité. On aura intérêt à éviter les irrigations par aspersion ou par brumisation. Si on ne peut pas faire autrement, elles ne devront pas être réalisées en fin de journée et le soir, mais plutôt à des périodes relativement chaudes afin que les plantes aient le temps de sécher avant la nuit.
En cours de culture, on adoptera les mêmes préconisations d’irrigation que celles suggérées en pépinières. Sous serre, tout sera mis en œuvre pour éviter la présence d’un film d’eau sur les plantes ; l'aération et la ventilation seront de rigueur dans ce type de culture. Les bassinages seront à proscrire. Sous abris, il est conseillé de fermer les ouvrants avant les pluies.
En fin de culture, les débris végétaux seront éliminés et détruits rapidement. Les résidus de culture seront enfouis profondément dans le sol afin de favoriser leur rapide décomposition. Un nettoyage et un traitement des surfaces des abris et du sol pourront être envisagés avec un produit homologué pour cet usage (e-phy).
- Culture suivante
La prochaine pépinière sera mise en place dans un endroit ensoleillé, en aucun cas humide et ombragé. Si elle a lieu dans le même abri que l’année précédente, il sera conseillé de le nettoyer et la traiter comme précédemment.
La qualité des plants devra être contrôlée à l’arrivée, ceci d’autant plus s’ils proviennent de pépinières situées dans des pays ou des zones de production au climat favorable à ce chromiste. Si vous avez le moindre doute, nous vous conseillons de réaliser un traitement fongicide d’assurance.
On ne réalisera pas de nouvelles plantations à proximité de cultures de melon ou d’une autre cucurbitacée sensible déjà affectées. On se méfiera aussi des parcelles mal drainées, où se produisent de fortes rétentions d’eau, qui sont favorables au développement de cette maladie. Dans ces parcelles, il sera préférable d'améliorer leur drainage avant la mise en place des cultures.
Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives. Dans les pays ou les régions où cela sera possible, on pourra réduire les densités de plantation afin de disposer de parcelles plus aérées, dans lesquelles l’humidité au sein du couvert végétal sera plus basse. On orientera si possible les buttes de plantation et/ou les rangs dans le sens des vents dominants afin de favoriser l’aération de la végétation au maximum.
Un certain nombre d’autres mesures sanitaires, utilisées seules mais surtout de manière combinée, permettent de réduire la progression des épidémies de mildiou, notamment l’élimination à intervalles réguliers des feuilles attaquées, et la réduction de la densité des plantes.
Étant donné la rapidité de progression du mildiou et les risques qu’il fait peser sur la culture, des traitements fongicides préventifs (les plus efficaces) seront indispensables en pépinière, comme en cours de culture. Les produits utilisés et les cadences adoptées seront définis avec le technicien en fonction des pratiques culturales locales. Il convient de se rappeler que le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser 7 à 12 jours en fonction des matières actives. On aura le souci d’alterner des fongicides à modes d’action différents afin de limiter la sélection de souches résistantes.
Si des traitements préventifs ne sont pas réalisés, il sera crucial de détecter rapidement les premières attaques de P. cubensis car ses épidémies, comme celles de nombreux mildious, sont fulgurantes et très dommageables. On pourra :
- surveiller attentivement les cultures pour déceler précocement les premiers symptômes en prenant soin d'observer les feuilles aussi bien sur les faces supérieure qu'inférieure ;
- suivre aussi les bulletins de santé du végétal de très près.
Dans certains pays, une détection précoce des premiers sporanges de P. cubensis présents dans l’air permettrait d’anticiper les premiers cycles de ce chromiste et de mieux positionner les traitements fongicides. Ajoutons qu’une lutte chimique préventive sera réalisée, notamment dans les zones de production où la maladie sévit chaque année avec gravité.
Certains films en polyéthylène, en modifiant le microclimat des serres et notamment en diminuant l’humidité relative du feuillage, réduiraient l’incidence du mildiou sur concombre.
Des sources de résistance ont été mises en évidence chez plusieurs espèces de Cucurbitacées et le melon (lignée MR-1 et quelques autres accessions : PI 122847, PI 124111, PI 124112, PI 124210, 145594, 165525, PI 197085, PI 197088, PI 288238…). A notre connaissance, aucune variété de melon commercialisée en France n'est résistante au mildiou actuellement.
Signalons quelques biopesticides qui ont été expérimentés pour contrôler P. cubensis : Bacillus spp., Enterobacter cloacae, Trichoderma harzianum… De plus, à titre d’information, plusieurs extraits végétaux sont signalés dans la littérature comme pouvant réduire le développement de l'agent du mildiou : Carya cathayensis, Mikania micrantha, romarin (Rosmarimus officinalis), citronelle (Cymbopogon citratus), basilic (Ocinum bacilicum), eucalyptus (Eucalyptus globulus), menthe (Mentha piperita), marjolaine (Majorana hortensis), ail, rhubarbe, Piota orientalis, Pinus massoniana, Euphorbia helioscopia, Polygonum hydropiper, Albizia julibrissin, Photinia serrulata, Inula viscosa, Hedera helix, Paeonia suffruticosa… .Il en serait de même pour des préparations à base de kaolin.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.