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Mouches mineuses

Plusieurs mouches mineuses polyphages (leafminers) sont susceptibles de s'attaquer aux cultures légumières, et parfois au melon qui supporte assez bien la présence de ces ravageurs. Ces insectes sont classés dans l'ordre des diptères et la famille des agromyzidés. Les principales espèces de mouches mineuses rencontrées en Europe sont la mouche mineuse de la tomate (Liriomyza bryoniae Kaltenbach, souvent désignée à tort « Liriomyza strigata » [Meigen]), la mouche mineuse américaine (Liriomyza trifolii Burgess), la mouche mineuse sud-américaine (Liriomyza huidobrensis Blanchard et Liriomyza strigata Meigen), et la mouche mineuse horticole (Chomatomyia horticola Goureau). Signalons que leur pullulation remet souvent en question la lutte biologique en serre. De plus, plusieurs d'entre elles sont classées parmi les organismes de quarantaine. 

 
  • Nature des dégâts
De nombreuses piqûres nutritionnelles chlorotiques sont d'abord observées sur le limbe ; elles peuvent être très nombreuses et sont réalisées par les femelles avec leur ovipositeur. Des mines (figures 1 et 2) apparaissent par la suite sur les folioles. Les feuilles les plus affectées, portant parfois une vingtaine de larves par feuille, peuvent jaunir, flétrir et se dessécher. L'activité photosynthétique des plantes, leur croissance et les rendements peuvent être ainsi fortement réduits lors d'une infestation. La maîtrise des populations de ces ravageurs est souvent problématique du fait de leur résistance possible à plusieurs insecticides, ces derniers éliminant par ailleurs la faune utile (Hyménoptères parasitoïdes). Ajoutons que lors de très fortes pullulations, constatées notamment en zones tropicales, les fruits présentent des brûlures (Brûlures solaires - sunscald) car de nombreuses feuilles minées et altérées ne les protègent plus du rayonnement solaire.

 
  • Biologie
Les mouches mineuses ont 6 stades de développement au cours de leur cycle (figure 3) : oeuf, 3 stades larvaires, pupe et adulte.

Formes de conservation et/ou hôtes alternatifs : peu d'adultes sont observés durant l'hiver du fait de l'entrée en diapause des pupes. Ces mouches mineuses étant polyphages, elles peuvent se multiplier et se conserver sur de nombreux hôtes alternatifs cultivés (tomate, concombre, laitue, melon, poivron, céleri, haricot, pomme de terre, chrysanthème, gerbera), ainsi que sur des plantes adventices présentes dans ou à l'extérieur de la culture.

Stades de développement : les oeufs (figure 3-1), de couleur crème et de forme ovale (ceux de Liriomyza bryoniaemesurent 0,12 x 0,27 mm), sont déposés dans les tissus lors des piqûres de pontes à l'aide de l'ovipositeur des femelles. Une femelle peut produire plusieurs centaines d'oeufs qui, par la suite, éclosent et donnent naissances à des larves (figure 3-2) transparentes et longue de 0,5 mm (figure 4). Celles-ci creusent dans les folioles des galeries que la présence d'excréments noirs rend bien visibles. Les larves blanches du troisième stade, longues de 2,5 mm, percent le limbe, quittent les folioles, se laissent tomber dans les replis du plastique ou sur le sol et s'enterrent à faible profondeur. Par la suite, elles se transforment en pupes (figure 3-3) en forme de tonnelet et dont la couleur varie en vieillissant du jaune au marron foncé (figure 5), les pupes noirâtres sont souvent celles qui sont parasitées. La pupaison de Chromatomyia horticola se déroule dans la feuille : le puparium, recouvert par l'épiderme de la feuille, est alors visible sous la forme d'une petite protubérance à l'extrémité de la galerie larvaire. Les adultes (figure 4-4) sont des petites mouches de 2 à 3 mm de longueur, jaune et noire (Liriomyza spp., figure 6) ou gris noirâtre (Chromatomyia horticola). Les femelles adultes, présentes à la face supérieure du limbe, perforent l'épiderme grâce à la véritable tarière qu'est leur ovipositeur, aspirent le suc végétal (piqûre nutritionnelles) et déposent leurs oeufs (piqûres de ponte). Signalons que les mâles, dépourvus de tarières, profitent également des piqûres de nutrition pour se nourrir.

La durée de leur cycle varie en fonction de la température ; pour Liriomyza bryoniae par exemple, elle est de 41 jours à 15°C et passe à 17 jours à 25°C, les valeurs concernant les autres espèces restent sensiblement les mêmes, à l'exception cependant de L. trifolii qui serait plus sensible aux basses températures. Les durées de vie des femelles à ces températures sont respectivement de 14 et 7 jours.

Dispersion dans la culture : les adultes volent aisément dans la serre, voire de serre en serre, et se dispersent ainsi dans la ou les cultures. Les plants nouvellement contaminés (porteurs d'oeufs ou de très jeunes mines) peuvent également contribuer à la dissémination de ces insectes.

Conditions favorables de développement : l'évolution des niveaux de population de ces insectes est plutôt influencée par des intensités lumineuses élevées, certaines plantes hôtes plutôt vigoureuses, des hygrométries importantes (80-90 %) notamment.

Les mouches mineuses sont en général fortement parasitées, essentiellement par les Hyménoptères chacidiens. Les traitements insecticides, parfois injustifiés, sont très dommageables à cette entomofaune utile, et sont souvent responsables des pullulations observées.
 
  • Méthodes de protection
Plusieurs méthodes de protection sont préconisées pour contrôler le développement des mouches mineuses sur melon en France :
enlever et détruire les débris végétaux et les résidus de culture ;
désinfecter le substrat réutilisé ou le sol ;
préchauffer la serre avant mise en place des plants et réaliser un traitement insecticide ou acaricide (lien e-phy) ;
contrôler la qualité sanitaire des plants avant et durant leur introduction dans l'abri  ;
- produire les plants dans un abri insect-proof ;
désherber la serre et ses abords ;
détecter les premiers ravageurs grâce aux panneaux jaunes englués posés au-dessus de la culture dès l'introduction des plants ;
- utiliser des auxiliaires, il s'agit des insectes suivants : Dacnusa sibirica, Diglyphus isaea et Macrolophus caliginosus avec cependant une efficacité secondaire pour ce dernier  ;
raisonner la protection chimique* (r) (e-phy), en particulier si vous utilisez des auxiliaires.

(r) : des résistances aux insecticides ou acaricides sont connues chez ces ravageurs.

Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’'agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.
Dernière modification : 27/05/2014
  • Auteur :
  • O Terlez
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Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
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Figure 5
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Figure 6