Les cultures légumières en Guyane
Le climat guyanais
En Guyane, le climat soumis aux mouvements de la ZIC (zone inter tropicale de convergence), est de type équatorial. Il est caractérisé par un important régime de pluies, avec jusqu’à 4,5 m d’eau par an dans certaines zones notamment à Cacao. En revanche, sur le secteur de Saint-Laurent, Mana et Javouhey (importantes zones de production maraichères), les précipitations varient entre 2000 mm et 2500 mm/an en moyenne.
Les précipitations sont généralement fortes et de courte durée. Il n’est pas rare d’enregistrer des chutes d’eau journalières supérieures à 100 mm, entrainant parfois des inondations dans les champs situés en bord de crique.
L’hygrométrie est également très élevée ce qui est propice au développement de certaines maladies fongiques. L’humidité relative varie de 50 % au minimum en saison sèche à 98 % en saison humide.
Les températures moyennes sont de l’ordre de 26.5 °C. Elles sont assez stables toutes l’année et les gradients jour-nuit sont peu élevés. Les températures élevées influence largement les durées de cycles des insectes ravageurs qui vont se multiplier très vite en condition tropicale humide.
La ZIC oscille du nord au sud, arrosant la Guyane deux fois par an. Ainsi, d’août à mi-novembre lorsque la ZIC est située loin au nord, la Guyane est en pleine saison sèche. De mi-novembre à mi-février, la ZIC descend vers le sud, traverse la Guyane et provoque la petite saison humide suivie d’une accalmie d’un mois, appelée le « petit été de mars. S’en suit la grand saison humide de mai à mi-juin (instable en juillet), lorsque la ZIC parvenue à l’équateur, remonte et travers à nouveau la région.
Jean-Jacues de GRANVILLE & Marc GAYOT. 2014. Guide des palmiers de Guyane. ONF : Guyane (FR), 272p.
Brève description des sols
La Guyane fait partie de ce qu’on appelle « le Bouclier des Guyanes », caractérisé par une croûte cratonique, dont la partie supérieure est composée de roches granitiques et la partie inférieure par la croûte continentale (granulitique). Le bouclier des Guyanes a subi, pendant des millions d’années, l’alternance d’un climat chaud et humide ayant altéré peu à peu sa surface laissant place à des sols profonds vieillis et appauvris. On observe également des affleurements rocheux, appelés cuirasses, sols durcis issus de la cristallisation du fer et de l’aluminium. Ces reliefs granitiques et ferralitiques, composent une partie du paysage guyanais.
On retrouve une partie de ce paysage vallonné dans les régions agricoles de l’est (De Cacao à Saint-Georges), propice à l’arboriculture et l’agrumiculture.
La plaine côtière de la Guyane est davantage marquée par la présence de savanes et de forêts marécageuses. Cette zone est caractérisée par des sols alluvionnaires hydromorphes, notamment le long des cours d’eaux. Au nord-ouest entre les communes d’Iracoubo et de Saint-Laurent du Maroni les sols sont recouverts de sédiments sableux très lessivés, appauvris, communément appelés « sables blancs ».
Par ailleurs on retrouve des sols rouges riches en oxydes de fer (acides et compacts) ainsi que des sols plus drainés, argilo-sableux. Cette brève description des sols met en évidence plusieurs contraintes à la production de légumes sur le territoire : dans les sables blancs de Guyane la matière organique est rapidement lessivée quelque soit la saison. Ailleurs, l’acidité et l’hydromorphie sont des éléments bloquants le bon fonctionnement biologique des sols et donc à la nutrition des plantes.
Les sols Guyanais, décrits grossièrement, sont plutôt hydromorphes, acides, argileux et ferralitiques. Ces caractéristiques sont plutôt contraignantes pour la production de légumes. Les taux de matière organique sont aussi très bas. Le contexte pédologique de la Guyane conduit souvent les agriculteurs à réaliser un chaulage de leur sol afin de rehausser le pH. Le maraichage est généralement pratiqué dans les bas-fonds tandis que l’arboriculture fruitière est présente sur les coteaux.
Le contexte agricole général
Les exploitations maraichères sont de petite taille : les surfaces par exploitation dépassent rarement les 5 ha. On compte en Guyane près de 6 000 chefs d’exploitation.
La surface agricole utile est toujours en augmentation en Guyane : elle atteint près de 31 000 ha en 2014. La superficie de cultures dédiée aux productions légumières est d’environ 5 % de la SAU totale. Si on y inclut les tubercules, on atteint 26 % de la SAU.
Au sein des cultures légumières, les espèces les plus produites en terme de surface d’après le dernier recensement agricole sont : les choux (370 ha), les concombres (175 ha), les pastèques (240 ha), les tomates (150 ha ; dont 35 ha sous serre hors-sol), les maïs doux (145 ha). Les tubercules (manioc en tête avec 5970 ha, ignames, dachine …) occupent 6930 ha.
Les légumes cultivés en Guyane
Il existe en Guyane comme dans d’autres DOM, une grande diversité de légumes cultivées.
- Les légumes fruits : Solanacées (tomates, aubergines, piments, poivrons, antrua, …) ; les cucurbitacées particulièrement nombreuses en Guyane (concombre, courgettes, pastèques, melon, sorossi, giraumon, …) ; Malvacées (Calou…)
- Les haricots : Principalement les vignas dit haricots kilomètre et les pois d’angole. Les haricots communs « Phaseolus » sont assez rarement cultivés en Guyane.
- Les herbes aromatiques : Assez nombreuses en Guyane : radié la fièvre, persil, céleri, coriandre feuille, ciboule, menthe, etc.
- Les légumes feuille : Choux pommés et chinois, brèdes mafane, amarantes, épinard pays (baselles), laitues, liseron d’eau, roquette, feuilles de dachines.
- Les tubercules et autres légumes racines : Dachine, ignames, manioc, patate douce sont surtout cultivés pour leur tubercules en Guyane. Depuis quelques temps, nous observons dans quelques exploitations le développement pour le moment confidentiel de la patate volante. Le navet et dans une moindre mesure, le radis sont aussi produits.
- Le gingembre et le curcuma sont des rhizomes aromatiques.
Notons que la classification révèle quelque faiblesses puisque les feuilles de dachines ou de manioc sont parfois consommées cuites comme légumes feuilles.
Les systèmes d’exploitation maraichers
Pour les cultures légumières, on peut distinguer quelques grands types de systèmes de production en Guyane :
- Les abattis : ils constituent des surface cultivées asses grandes issues de la défriche des forêts. Sur ces parcelles, l’irrigation est pluviale et les plantes sont directement soumises aux aléas du climat. Sont généralement cultivées : bananes, manioc, piment, papayes, giraumon, … il s’agit d’une agriculture informelle tournée vers l’autoconsommation et la vente des surplus. Cette petite agriculture familiale est peu dépendante des intrants. Peu génératrice de revenu, certains de cet exploitant développent des parcelles spécialisées en cultivant pastèque, bananes, igname, patate douce.
- La petite agriculture intensive qui consiste à cultiver sur de petites parcelles avec des rotations très courtes. Ces parcelles sont généralement séparées par de profondes rigoles qui assurent le drainage lors des épisodes pluvieux intenses : c’est la culture sur billon. L’irrigation est dans la majorité des cas pourvue par un système d’aspersion. On observe cependant parfois de petites serres artisanales avec l’utilisation du goutte à goutte. L’irrigation est effectuée avec les eaux de surface de bas fond inondé dans l’Ouest tandis que l’eau est prélevée dans les cours d’eau à Cacao et Régina. . C’est le type d’agriculture la plus consommatrice en intrants : pesticides et engrais. L’irrigation au goutte à goutte est très rare.
- Les serres hors-sol : système en cous de développement il en existe quelques unes du côté de Stoupan, Montsinéry, Kourou… Les principales cultures sont : la tomate, les laitues, les melons. Dans l’ouest Guyanais l’agriculture sous abris, rencontre des difficultés pour se développer à cause du manque de moyens : accès à l’eau sous pression, électricité (absence d’automatisme) ...
La vente des productions maraichères
L’ensemble de la production légumière locale est directement consommée en Guyane. Les marchés de Cayenne, Saint-Laurent, Javouhey … sont souvent pris d’assaut par les clients. Malgré un certain manque de structuration de la filière légume, on retrouve les légumes locaux en grandes surfaces. Une coopérative est en cours de structuration à Javouhey. Les variations saisonnières du climat impactent les volumes produits : on observe donc une certaine volatilité des prix en fonction des saisons climatiques. Par exemple, les excès de pluie lors de la saison humide de 2015 a entrainé une augmentation du prix de la laitue sur le marché de Cayenne jusqu’à 11 € /kg.
Source des données chiffrées : AGRESTE
Pour le climat : sources Météo-France