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Biologie, épidémiologie

 

- Conservation et sources d'inoculum

Alternaria alternata
dispose de potentialités saprophytiques lui permettant de se conserver dans le sol sur un très grand nombre de débris végétaux ligneux, provenant de plantes cultivées, comme le tabac, mais aussi de divers mauvaises herbes. Son mycélium, qui envahit très facilement et abondamment les tissus végétaux morts, est la forme de conservation la plus couramment rapportée. Elle lui permet de se maintenir plusieurs mois.


- Pénétration dans la plante et invasion de l'hôte

Les premières contaminations ont certainement lieu à partir du sol, à la suite de projections d'eau. Elles affectent d'abord les feuilles basses. La pénétration peut avoir lieu de deux façons : soit directement à travers la cuticule, soit par l'intermédiaire des stomates (figure 1) ou de diverses blessures présentes sur les feuilles. Le premier mode semble le plus fréquent. Cette étape est largement favorisée par la présence d'eau sur les feuilles. Les contaminations se réalisent plus facilement à la face inférieure du limbe. Une fois en place, ce champignon va progressivement envahir les tissus foliaires. Les premiers symptômes sont visibles après 5 à 8 jours d'incubation.


- Sporulation et dissémination du champignon

Quelques jours après l'apparition des taches et l'envahissement des tissus nécrosés, si les conditions climatiques sont favorables, des conidiophores portant des conidies (figure 2) se forment à la surface des tissus lésés. Les nombreuses spores, constituant un inoculum secondaire, sont disséminées le plus fréquemment par le vent, sur de longues distances, ou d'une façon plus limitée par l'intermédiaire des éclaboussures d'eau, par exemple aux feuilles et aux plantes voisines.

Alternaria alternata colonise aussi les pièces florales et pollue les graines. Celles-ci sont donc capables de transmettre la maladie.


- Conditions favorables au développement du champignon

Comme vous avez pu vous en rendre compte précédemment, l'humidité est le facteur qui influence le plus le développement d'Alternaria alternata sur tabac. En effet, la maladie est particulièrement dommageable durant les périodes humides (longue période de pluie survenant durant la récolte). A l'inverse, on observe peu de dégâts en saison sèche. La rosée, en mouillant les feuilles durant plusieurs nuits consécutives, favorise la germination et la pénétration des conidies, mais aussi leur production. La température ambiante contribue moins au développement de ce champignon parasite. Son optimum thermique semble se situer entre 20-25°C, mais il sévit sans retenue à des températures comprises entre 16 et 31°C.

D'autres facteurs agissant sur la réceptivité des plantes sont fréquemment signalés :
- les techniques culturales ; toutes les erreurs culturales conduisant à un ralentissement de la croissance des plantes et à leur stress (semelle de labour...) concourent à les rendre plus réceptives. Il en est de même lorsque les plantes ne sont pas écimées et ébourgeonnées. A l'inverse, dans les pays où l'hydrazine maléique est utilisée comme inhibiteur de bourgeons, les effets de l'alternariose sont réduits,
- la fertilisation et la nature du sol ; les fumures déséquilibrées, pauvres en potassium et en azote, fragilisent les plantes. Le rapport N, P, K semble aussi influencer la maladie. Elle se manifeste parfois différemment d'un type de sol à un autre,
- l'état sanitaire des plantes ; les attaques simultanées d'autres maladies ou de certains déprédateurs paraissent modifier la sensibilité des plantes. En effet, de plus graves dégâts d'alternariose sont constatées dans des cultures où interviennent par exemple Fusarium oxysporum f. sp. nicotianae ou des nématodes à galles.

Les tabacs de type Virginie seraient plus sensibles à cette maladie que les Burley et les tabacs bruns.

Dernière modification : 26/06/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
alternaria_stomate
Figure 1
tabac492
Figure 2