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Pépinière

Un contexte cultural particulier


Les plants de tabac sont produits de différentes façons :
- traditionnellement, dans un sol désinfecté par un fumigant (situation de moins en moins fréquente de nos jours en France) (figure 1) ;
- sur des mottes de taille variable, constituées à partir d'un substrat tourbeux (figure 2) ;
- par la méthode hydroponique des semis flottants (mode de production ayant tendance à se généraliser actuellement) (figure 3).

Comme pour de nombreuses autres espèces végétales cultivées, cette production s'effectue à une période de l'année durant laquelle les conditions de culture, notamment climatiques, sont peu favorables à la croissance des plantes. C'est pour cette raison qu'elle a lieu sous abri. Ainsi, on retrouve toujours dans ces derniers les mêmes situations liées à l'état physiologique des plantules et à la qualité de leur environnement.

Les plants, comme les plantes adultes, peuvent être affectés par les mêmes maladies, mais, contrairement aux tabacs adultes, leur état juvénile, en particulier la tendreté de leurs tissus, les rend beaucoup plus sensibles.

Les conditions environnantes influencent beaucoup la qualité des plants. Celles-ci, lorsqu'elles sont inadaptées (forte densité des semis, fumure et conditions climatiques non appropriées), conduisent à obtenir des plantules soit étiolées, soit très poussantes aux tissus succulents et, de ce fait, bien plus vulnérables aux maladies.

D'une manière générale, le climat des pépinières sous abri peut être caractérisé :
- par une plus faible luminosité ;
- par des échanges gazeux avec l'extérieur très limités ;
- par une accumulation de vapeur d'eau transpirée par les plantes et émise par le sol ou le substrat, créant une humidité relative élevée ;
- par des températures parfois limites pour la croissance des plantes (à l'origine de stress thermiques).

Il est bien évident que ces conditions, en particulier la forte hygrométrie des abris, sont tout à fait favorables aux maladies, spécialement à celles provoquées par les champignons et les bactéries. Il convient de rappeler que la présence d'eau libre sur les feuilles permet, en particulier, la germination des spores des champignons parasites, la multiplication des bactéries phytopathogènes... Les températures extrêmes ont des incidences plus visibles au niveau des feuilles (brûlures lorsqu'elles sont trop élevées, déformations et enroulements après une gelée) qu'au niveau des racines. Cependant, c'est pourtant la température du sol, ou du substrat, qui conditionne en partie la bonne croissance des plantes. Un substrat excessivement humide et froid est fréquemment asphyxiant et propice au développement des agents de fontes de semis.

La pépinière se caractérise aussi par une forte concentration des plants sur une faible unité de surface. Cette situation est particulièrement dangereuse. En effet, il suffit par exemple de quelques pucerons "virulifères" pour contaminer très rapidement un grand nombre de plants. Dans une telle situation, les maladies aux fortes potentialités épidémiques se généralisent très rapidement.

 

Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5

 

Les causes envisageables


Les principales maladies sévissant séparément ou simultanément dans les pépinières de tabac en France, et dans d'autres pays pour certaines, sont aussi bien parasitaires que non parasitaires.
Ces maladies sont nombreuses et leur identification est souvent assez délicate du fait de la taille des plantules, mais surtout de l'analogie des différents symptômes observés sur les plants.

Parmi les microorganismes pathogènes nous pouvons citer :
- divers virus ;
- des bactéries comme Pectobacterium spp., Pseudomonas syringae pv. tabacina parfois, mais ausi Pseudomonas aeruginosa, Pseudomonas syringae pv. angulata ;
- différents champignons et assimilés tels que Botrytis cinerea, Olpidium brassicae, diverses Chytrides, Peronospora hyoscyami f.sp. tabacina, Pythium spp., Rhizoctonia solani, Sclerotinia sclerotiorum, Thielaviopsis basicola (Chalara elegans), Cercospora nicotianae, Colletotrichum tabacum, Fusarium affine, Thanatephorus cucumeris, et d'autres champignons pathogènes, notamment "aériens".

Divers nématodes comme Pratylenchus spp. et Meloidogyne spp., ainsi que des plantes parasites comme Cuscuta spp. peuvent être présents. Il en est de même pour des ravageurs comme les taupins, hannetons, noctuelles, tipules ou les lapins... (voir Les ravageurs du sol).

Ajoutons que le système de production en milieu aquatique (semis flottant) est très favorable au développement de certains champignons mais aussi de divers insectes. C'est, par exemple, le cas des tipules dont les larves envahissent rapidement les alvéoles des plateaux de polystyrène et se nourrissent des racines de tabac (figures 4 et 5).

Plusieurs maladies non parasitaires peuvent se manifester en pépinière et occasionner des dégâts parfois considérables : diverses phytotoxicités, des températures trop froides ("cold injury"), la polyphyllie ("frenching"), des désordres nutritionnels (Ca CO3, manque d'azote...) ou bien encore une asphyxie racinaire, la grêle, etc.

Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que les agents pathogènes sont beaucoup moins dommageables lorsque les conditions de la pépinière ne sont pas favorables à leur développement, et qu'ils sont confrontés à des plants de bonne qualité. Les mesures prophylactiques que les producteurs mettent en place, leur façon de conduire la pépinière, ont pour objectif d'aboutir à cette situation (voir Les mesures de protection à adopter).

Dernière modification : 28/01/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)